À propos de la CEDEAO : «il se trouve que parmi ces chefs d’État, il y a des promoteurs du troisième mandat et ceux là même qui ont changé la constitution dans leurs pays», dixit Élie Kamano.
L’organisation sous-régionale ouest-africaine est diversement décriée ces derniers temps. Son attitude condamnant les pays qui ont récemment connus des coups d’État n’est pas du goût du Reggaeman Elie Kamano. Il a sorti un single intitulé : la route est barrée pour lancer un message aux dirigeants de la CEDEAO qui agissent en fonction de leur humeur. Interrogé par nos confrères des Grandes Gueules d’Espace Fm ce vendredi 17 juin 2022, il est est largement revenu sur le contenu de cette chanson.
A l’entame, l’artiste reggae converti en politique a rappelé le bien fondé de l’existence de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Il invite l’institution ouest-africaine, de tenir compte des aspirations des peuples et au respect de leur souveraineté.
«Je dis la route est barrée, à un moment donné il faut qu’on arrête, il faut qu’on stoppe un peu, qu’on tienne compte de l’aspiration des peuples parce que la CEDEAO, c’est vrai que c’est une institution sous régionale qui est là pour réguler la situation dans certains pays quand ça ne va pas tels que le Mali, le Burkina, la Guinée c’est vrai, mais il y a une certaine souveraineté que nous avons, il faut qu’on la respecte et en quoi faisant ? En respectant la volonté du peuple qui soutient les dirigeants qui arrivent, du moment c’est-à-dire quand on prend le cas du CNRD, le CNRD est arrivé, c’est tous les acteurs, que ça soit acteurs de la société civile, que ça soit acteurs politiques qui ont accompagné, qui on applaudit, qui ont acclamé le CNRD», explique t-il.
Il affirme également qu’il n’arrive pas à cerner, la réaction de la CEDEAO face aux putschistes maliens, guinéens et burkinabés.
«Ce que je fustige parmi ces chefs d’État qui sont en train de mettre la pression, qui sont en train de demander au Mali, à la Guinée et autres de revoir leurs copies par rapport à la durée de leur transition, il se trouve que parmi ces chefs d’État, il y a des promoteurs du troisième mandat et ceux là même qui ont changé la constitution dans leurs pays et au prix de la vie de leurs concitoyens. Donc c’est du deux poids deux mesures. Je ne comprends pas quels sont les critères sous lesquels où modifier ou changer sa constitution ne fait pas partie justement de la charte de la CEDEAO pour «rappeler à l’ordre ces chefs d’État». La CEDEAO n’agit que lorsqu’il y a des coups d’État dans les pays, pas les coups d’État constitutionnels. Ça je ne le comprends pas. Voilà pourquoi je me dis il faut rappeler la CEDEAO sur son rôle c’est-à-dire un rôle général, un rôle où tout Président qui s’amuse à changer sa constitution, qui peut entraîner des morts, des crises, des manifestations dans son pays, doit se faire rappeler à l’ordre et à partir de là, nous autres on pourra respecter la CEDEAO», declare t-il.
À la question de savoir si ces pressions n’étaient pas nécessaires afin de les empêcher de s’éterniser au pouvoir, Elie Kamano répond: «les contextes ont changé, aucun chef militaire ne peut aujourd’hui s’hasarder vouloir s’éterniser au pouvoir. C’est fini ça ! Les époques ont changé, la technologie a fait évoluer des choses et même les manifestations les choses sont beaucoup modérées et pondérées maintenant. C’est pas la même chose».
Pour lui, la CEDEAO doit regarder les cas du Mali et la Guinée, se pencher sur la relation que la junte a avec les populations. Cela pour savoir réellement :« est-ce que majoritairement pris, la junte est acceptée par les populations guinéennes ? Si oui, il faut l’accompagner dans ça, pas une transition longue, je ne suis pas non plus pour ça. Je sais que ce n’est pas un mandat comme on le dit mais trois ans c’est pas un mandat. Parce qu’on était parti pour six ans avec Alpha Condé et c’était acté, tout le monde l’avait accepté, il y a des leaders politiques qui étaient confinés, des passeports confisqués et certains opposants emprisonnés. Je pense que cela on vivait avec ça. Maintenant à mon avis, quand les gens viennent nous débarrasser d’un dictateur qu’on a tous combattu et qu’on a été incapable de faire tomber, alors je pense que à ces gens on peut bien accorder trois ans afin qu’on puisse mettre en place des vrais institutions et aller aux élections», précise t-il.
Connu pour son engagement à défendre les valeurs démocratiques, l’auteur du titre « Paroles de fou » promet que si le CNRD glissait sur son calendrier, il sera le premier à le combattre.
Mohamed Diawara