Guinée : la peur de l’abîme des contestations avec la décision de la CEDEAO (Edito-Mognouma)

En ce début de semaine, la CEDEAO a publié son fameux communiqué final qui sanctionne les discussions qu’elle vient d’avoir, au sujet de la transition Guinée.

C’était lors de la dernière retrouvaille des dirigeants de la sous-région, le week-end dernier, à Abuja, au Nigéria.

La réaction souhaitée par les opposants au pouvoir militaire de Conakry, qui attendaient, incontestablement, de l’institution sous-régionale, la reprise à son compte, de leurs revendications avec le ton qui sied, celui de la fermeté, n’a été forcément au rendez-vous.

L’agenda de la transition et ses dix étapes, ont été entérinés. Soutien au dialogue en cours pourtant boycotté et caricaturé par les absents dont la présence est toutefois sollicitée, sans l’exiger.

Les Chefs d’Etats de la CEDEAO, réunis dans la capitale Nigériane, ont, par contre, proposé, mais dans un langage peu contraignant, l’alternative de choisir un autre pays de la sous-région, pour abriter le dialogue, afin de garantir la participation de tous, notamment de ceux qui se sentent être sous la menace d’une éventuelle mise en taule, de retour à Conakry.

Débit à la mitraillette, appuyé par force gestes et intonations, le ministre des affaires étrangères, requinqué par ce triomphe modeste dont il peut en revendiquer, partiellement ou totalement, la paternité, peu importe, sortira de ses gongs dans les médias, pour rejeter cette alternative.

Dr Morissanda Kouyaté a fait appel à son chauvinisme réaliste, pour qualifier cette demande d’insulte au peuple de Guinée.

Le porte-parole du gouvernement à son tour, intervenant dans l’émission ‘’On refait le monde’’ sur DjomaMedia, dans la foulée de la publication du communiqué final, a prévenu que l’exécutif n’interviendrait pas dans les dossiers judiciaires. Ousmane Gaoual Diallo, a été, d’ailleurs, très tranchant sur le sujet.

Les trois coalitions ANAD, FNDC politique, RPG-AEC et Alliés, considérées comme les plus représentatives du landerneau politique national, absentes au dialogue restent trop intransigeantes et exigeantes sur la prise en compte de leurs préalables.

A cette allure, les espoirs de voir les parties parvenir à un compromis, s’amenuisent à cet effet.

La CEDEAO qui ne remet pas en cause la volonté d’ouverture du pouvoir de Conakry, une volonté jugée captieuse par les opposants, ne semble plus être, du moins pour l’heure, l’alternative pour le déclic sollicité par ces derniers.

Le sentiment de triompher risque de ne plus fixer de limite à la junte au pouvoir. Le risque d’aller à l’excès est à craindre.

Les instruments de répression de la transition, qui ont été dévoyés, de par leurs fonctionnements, ne sont pas insoupçonnés de musèlement et de règlement de compte.

Les errements de la CRIEF où trône un procureur spécial au pouvoir étendu, qui a droit de vie et de mort, sur les présumés accusés, qui sont, par ailleurs, pour la plupart, et cela par coïncidence, des voix dissonantes, renforcent bien évidemment ces pressentiments non infondés.

Le cas de Kassory Fofana, contre qui, l’instruction par plus d’une fois, n’a trouvé aucune charge devant justifier son maintien en prison, est tout de même retenu là, de par l’opposition de ce roitelet autoproclamé qui dit être sur des pistes prometteuses qui devraient déboucher sur de nouveaux éléments constitutifs d’infraction. Cela, plus de 7 mois après l’incarcération du Président du comité exécutif du RPG, le parti fondé par Alpha Condé.

Difficile dans ces conditions de ne pas croire à l’abîme des contestations.

Les soutiens de ces partis qui sont restés à quai, ne se doutent plus qu’il faille affronter l’adversaire qui veut les mettre sous cloche.

Mais un ressort, celui de la peur, de l’hésitation, de la division et aussi de la légitimité qui s’érode, ne semblent être au rendez-vous de la vague de colère évidente pourtant.

 

In DjomaMedia

 

 

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