Lutte contre la corruption : l’envers du décor est à craindre ! (Edito Mognouma)

Il ne suffit parfois d’une seule action, un pas de clerc, pour nuancer une annonce forte voire dévoyer, et à juste raison, un engagement évident visant à réussir une grosse mutation.

Une voix des plus influentes de la gouvernance actuelle, a réitéré tout récemment cette préoccupation. Il s’agit du Président de l’assemblée de la transition, le CNT.

Dans un discours au ton peut être assumé, cependant on ne peut plus clair, à l’occasion de la présentation, par le Premier Ministre Bernard Goumou, du discours de politique générale du Gouvernement de transition qu’il dirige, Dr Dansa Kourouma rappelait que l’article préliminaire de notre code de procédure pénale, pose, en des termes éloquents et catégoriques, le principe sacro-saint, selon lequel, la liberté est la règle, la restriction et les privations de liberté sont l’exception.

Ce principe, figurant dans les articles 12 et 13 de la Charte de la Transition et dans les instruments juridiques internationaux des Nations-Unies, de l’Union Africaine et de la CEDEAO, selon Dr Dansa, est fréquemment violé, sous le soleil du CNRD.

Il poursuit en précisant que le respect et l’application de ces dispositions, dans les procédures judiciaires, sont des critères d’attractivité pour notre pays.

Force est de reconnaitre, qu’en Guinée, de nos jours, dans le cadre de la lutte contre la corruption dans un pays où le détournement était devenu la norme de gouvernance, il est de ces agissements qui portent un sérieux coup de canif à cette volonté évidente et légitime du Chef de l’exécutif Guinée.

Pourtant, on ne devrait aucunement pas s’y louper. Hélas ! Tous les voyants d’une crainte de l’envers du décor, d’une politique qui pêche de par sa démarche totalement biaisée, semblent allumé.

Les injonctions du ministre des poursuites, plutôt du Garde des sceaux, pour des fins de poursuites, qui sont de trop et qui deviennent déridâtes au lieu d’être dissuasives, ainsi que des réactions impromptues et inopportunes des dirigeants sur la base de la clameur publique, tous se fondant sur des accusations le plus souvent farfelues, confirment cette préoccupation largement partagée dans l’opinion.

Dans ces différents cas, et dans bien d’autres, la précipitation et l’excitation quelque fois empreintes d’une dose de méconnaissance de la procédure ou d’une volonté de nuire ou d’exécuter une décision probablement dictée, constituent les péchés majeurs qui font logiquement doute.

Pour le cas par exemple de la CENTIF, dans le souci de rester factuel, le ministre de la Justice avec sa faconde, dont on salue le courage et la fougue, s’est fourvoyé à nouveau.

La réaction résultant d’un différend mineur qui pouvait être réglé par un coup de fil, se fracasse contre la loi organique qui a accouché la CENTIF en ses articles 75, 76 et suivants portant missions et attributions de la cellule.

Cette action pour le moins biaisée et qui fait planer désormais le doute sur la crédibilité du Président de la CENTIF, fera tâche d’huile. Car elle peut compromettre les relations entre la CENTIF Guinée et les organismes internationaux du même genre, faisant craindre le pire quant à l’évaluation très prochaine du pays, prévue au mois de mars, relativement à son dispositif anticorruption et financement du terrorisme, par le GIABA, le GAFI et le FMI.

Même inquiétude avec la décision de poursuivre des cadres du ministère des TP, limogés, pour des faits présumés de corruption en lien avec un marché public de curage des caniveaux de Conakry. Pourvu que les preuves soient établies, sinon on regrettera d’avoir perdu un projet majeur, d’un montant plus important, de près de 30 millions dollars USD. Celui de la construction du pont de Tanènè et de la route de contournement, longue de 3 Km.

On apprend que dans ce cas, les partenaires, pour la plupart des banques, deviennent réticents à maintenir leur position qui consiste à financer le projet en raison d’un déficit de crédibilité du Maître d’ouvrage, éclaboussé par une affaire de corruption.

En peu de mots, le combat légitime et absolument nécessaire contre la corruption, dans le pays des bandits à cols blancs, risque de ne pas produire les effets escomptés. L’initiative s’étiole.

 

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