Mariama Ciré Bah, une coach matrimonial au service des couples en détresse

Femme au foyer, dame Mariama Ciré évolue dans la résolution des différends conjugaux depuis plusieurs années. Mariée presqu’à son adolescence, elle a rencontré assez difficultés dans son couple qu’elle a réussi à surmonter. Son vécu lui a donné l’idée de secourir les foyers mal en point. Cette diplômée en Génie électrique est aujourd’hui coach et fondatrice d’un cabinet matrimonial dénommé ‶Ɓenndannde desal″ (Maturité ou Sagesse du mariage). Elle aborde des thématiques séquencées sur les réseaux sociaux se rapportant au mariage. Son vœu est de réduire les souffrances que traversent les mariés dans leurs foyers.

Elle a entamé ses études primaires à Guéckédou en 1995. Elle a fréquenté l’école Franco-arabe de Farakӧ. Au début de son cycle scolaire, une maladie mystérieuse a freiné son parcours à mi-chemin. Elle était contrainte d’abandonner l’école pendant deux ans avant de reprendre. « Je ne savais pas c’est quoi exactement, mais cela m’a tellement fatigué et ça a failli me paralyser », confie-t-elle.

Une fois rétablie, la jeune Mariama migre vers l’école française à Dalaba, ville d’où elle est originaire en Moyenne-Guinée à l’école primaire de Tangama en 1999. Compte tenu de son retard, son père ne souhaitait pas qu’elle fasse le CP2 (2ème Année), elle a forcé la situation pour s’y installer.

« Il voulait que je reprenne le CP1 (1ère Année), mais je ne voulais pas. Pour lui, je ne pouvais pas tenir le CP2 (2ème Année) et j’ai forcé la situation pour partir en classe de CP2. Je n’avais pas fait le premier trimestre, mais après les évaluations du deuxième trimestre, je me suis classée 2ème et au dernier trimestre, j’ai été 1ère de la classe », explique-t-elle.

Durant son enfance, elle aimait saluer les gens, disponible à servir les nécessiteux, elle jouait au bon samaritain.« J’aime voir que je sers les gens, ça c’est depuis l’enfance et cette joie de vivre je l’ai gardé », lance-t-elle.

Elle a décroché son certificat d’études primaire en 2003. Puis elle poursuit au Collège du centre où elle sort avec son brevet d’études du premier cycle (BEPC) en 2007. Au lycée Béhanzin, elle opte pour les sciences mathématiques jusqu’en 2010 où elle réussit son baccalauréat unique. Orientée en Génie électrique à l’université Gamal Abdel Nasser de Conakry (UGANC), la jeune étudiante obtient son examen de sortie en 2014.

Depuis plusieurs années, elle s’intéresse à la vie conjugale de certains couples. L’idée lui est venue en s’inspirant de sa vie personnelle. Mariée à 15 ans, Mariama Ciré a vécu des hauts et des bas dans son foyer.

« Je me suis marié en 2005, je passais pour la classe de 8ème année passage en 9ème année. Etant une jeune enfant mariée à 15 ans, j’ai continué mes études. En classe de 9ème Année j’étais enceinte de ma première fille, 10ème Année nourrice, en 12ème Année en état de famille de mon second enfant et Terminale j’étais encore nourrice. En 2010, je suis venue à Conakry pour faire l’université Gamal Abdel Nasser. J’ai choisi une option qui n’était pas réservée aux femmes. Sur un effectif de 130 étudiants, on n’était que sept filles. J’ai eu mon examen de sorti avec mon troisième enfant »

N’étant pas habituée à vivre en couple, le manque d’expérience et son jeune âge ont joué en sa défaveur. Le vécu quotidien de certaines mariées en a été également l’autre raison qui l’a poussé à se lancer dans le social.

« C’est ma vie personnelle, j’ai vécu assez de choses dans ma relation, extraordinaire, de fois moins bonnes. Il fut un moment je voulu être aidé, être écouté et accompagné, je n’ai pas eu cela et le besoin était pourtant pressant. J’ai constaté également que dans mon entourage, il y avait assez de pleurs de part et d’autre surtout les femmes. A cette époque, je me concentrais spécifiquement sur les femmes », révèle-t-elle.

De par son expérience et son expertise, elle réalise des vidéos qu’elle publie sur les réseaux sociaux dans lesquelles, elle aborde des sujets liés au mariage et ses dérivés. Elle propose cette aide aux gens pour leur permettre de se connaître, de se comprendre, de comprendre leurs difficultés de couple, de surmonter et transformer leurs relations en quelque chose de souhaitable.

« J’ai toujours été coach, j’aidais beaucoup de personnes. J’ai un ami avec lequel je me suis entraînée dans le coaching sans même le savoir. C’est quelqu’un qui vivais avec sa femme, il y avait assez de difficultés et ils se sont séparés. Le travail a commencé le fait de vouloir ramener cette femme dans son foyer étant donné qu’il y avait eu assez de difficultés le fait pour la famille d’accepter le mariage. J’ai réussi à ramener la dame à travers des démarches entreprises et les conseils que j’ai donné à mon ami. Je crois que mon entrainement est parti de là », précise Mariama.

Elle est titulaire d’un certificat en coaching matrimonial après avoir suivi une formation en ligne sur la plateforme française de e-learning dénommée ‶Formalis″ en 2020. Dans sa quête de connaissance, elle se lance dans une autre formation en 2021, chez la version française de ‶Youvision″, une institution africaine avec à la clé une certification en coach visionnaire.

En 2020, la jeune coach crée le Cabinet matrimonial ″Ɓenndannde desal‶, littéralement traduit en langue Pular ‶Maturité ou Sagesse du mariage″. Elle démarre avec quelques vidéos publiées sur sa page Facebook crée à cet effet et des accompagnements en ligne avant de trouver un siège en juillet 2023.

Sensible, dame Ciré tire son inspiration en fonction des circonstances. En voulant sauver la vie de couple d’un client ou d’une cliente en face d’elle, l’inspiration vient aisément. Elle porte le poids du problème comme le sien.

Loin d’être une psychologue, cette femme se définie comme une personne qui apporte un secours aux couples en détresse. Une chose qui ravive son cœur en apprenant que son message porte fruit.

« Quand je reçois le retour de quelques femmes et hommes, je me sens à l’aise avec moi-même. Je sens que ma vie est en train de servir à quelque chose. Ma personne est en train de motiver, d’inspirer d’autres, d’aider certains à sortir de leurs difficultés. Je reçois parfois des appels de vieilles personnes d’une soixantaine d’années qui me disent que : ma fille ce que tu fais est formidable. Il n’y a pas une chose plus apaisante que cela », soutient la jeune dame.

Petite de taille, mais grande et mature dans l’esprit et dans le cœur, l’aide de Mariama est un remède moral aux maux dont souffre plusieurs mariés. Elle tire ses connaissances pratiques dans le livre saint ″ le coran ‶ dans lequel elle puise des exemples pour soutenir ses propos. Son passe-temps, c’est la lecture, suivre les émissions, les documentaires sur National Géographic par exemple, le catch WWI…

En elle, habite une foi inébranlable et elle possède un caractère pieux.  Accueillir, sourire et parler résument ses qualités.  Trop parler, c’est la chose dont elle se reproche autrement dit c’est son grand défaut. Quand nous lui demandons ce qu’elle déteste le plus au monde, elle répond sans hésiter : « le mensonge » et ce qu’elle apprécie « l’honnêteté ».

« Quand on accepte d’être vrai, on découvre qui on est, on découvre sa potentialité. Là on apprend à se servir et à servir les autres. Quand on refuse d’être vrai, on s’enfonce et on enfonce notre entourage en même temps », rappelle Mariama Ciré.

Dans ses consultations, elle rencontre des problèmes difficiles à résoudre. Pour y arriver, elle s’est trouvée un coach pour l’orienter dans la résolution des conflits entre conjoints. Le respect du secret professionnel reste et demeure un symbole chez elle. A l’image du voile qu’elle arbore quotidiennement, Coach Ciré ne dévoile pas les histoires des gens.  

La trentaine, madame Diallo Ciré est mariée et mère de quatre enfants dont deux filles. De son constat, elle souligne la souffrance de beaucoup de gens dans leurs foyers. La méchanceté de certains l’étonne grandement. « Que l’être humain est méchant ! quand tu as le pouvoir sur une personne donnée et que tu sais que tu n’as pas de compte à rendre à quelqu’un, de fois ça te donne la possibilité de faire n’importe quoi. Il y a assez de souffrance », indique-t-elle.

Son courage et sa force proviennent de son époux qui a toujours répondu présent le long de ce processus. Il lui a été d’une grande utilité. « Il m’a accompagné et soutenu, partout où il voit quelque chose qui peut m’apporter dans mon expertise. Il a découvert en moi une personne intelligente, qui aime étudier, il m’a aidé dans ce sens. A chaque fois qu’il trouve une occasion, il me dit voici quelque chose. C’est lui m’a proposé de suivre des cours d’anglais que j’ai suivis de 2011 à 2014 », témoigne la jeune épouse.

Vu le besoin et la nécessité, elle compte créer une web télé et s’entourer d’hommes et de femmes pour débattre des sujets liés à la vie conjugale; accompagner les adolescents à préparer leur future vie de couple et la mise en place d’une ONG de femmes musulmanes. Cela, pas pour dénigrer les autres femmes, mais elle estime que les musulmanes font face à leur propre communauté mais également aux autres.  Elle souhaite asseoir sa communauté en se basant sur les textes religieux pour démontrer qu’il n’y a pas plus féministe l’islam. Son rêve est de voir tous les couples goûter aux joies de la vie conjugale.

Mohamed Diawara pour infospremieres

commentaires (0)
Add Comment