Honorable Président du Conseil National de la Transition ;
Le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage s’engage résolument dans la trajectoire de réussir la vision de développement agricole de la Guinée intitulée : « Guinée Puissance agricole émergente en 2025, avec un mode de production économiquement et socialement viable ». Cette vision est fondée sur la grande diversité du climat et des écosystèmes du pays, de son potentiel agricole avec 13,7 millions d’hectares, de la richesse du savoir-faire paysan et de la volonté avérée du Gouvernement guinéen et de ses partenaires de mutualiser les ressources pour arriver à des résultats tangibles et durables.
Le secteur agricole a été fortement fragilisé par les crises successives que sont : la maladie à virus Ebola, la pandémie à la COVID-19 et plus récemment le conflit russo-ukrainien dont les répercussions se sont mondialisées.
Pour la riposte contre la pandémie de la Covid-19 les mesures restrictives ont entraîné la mévente et la pourriture d’une partie des produits frais (légumes, tubercules, fruits), se traduisant par une perte importante de revenu chez les producteurs et une augmentation de plus de 30% des prix de ces produits pour les consommateurs urbains. Cette crise a impacté sur réduit la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, notamment des familles pauvres. Les données du Cadre Harmonisé (CH) de mars 2022 sur la sécurité alimentaire ont indiqué que pour l’ensemble du territoire national, 3 549 277 personnes (soit 31,8%) étaient en sous pression, 982 982 personnes (soit 8,8%) en situation de crise et 9 197 personnes (0,1%) en phase urgence. En comparant ces résultats à la situation courante de la session d’analyse de mars 2021, 2 426 628 personnes (soit 21,83%) étaient en sous pression et 453 942 personnes (soit 4,08%) en crise, cela montre une nette dégradation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et une baisse des capacités de résilience des populations.
En matière d’alimentation, seulement 29% des ménages ont été en mesure de constituer un stock alimentaire de sécurité alors que 73,3% disent craindre un manque de nourriture ou de ressources pour faire face à l’alimentation de leur ménage. Par ailleurs, 41,5% des ménages ont été contraints de changer de régime alimentaire alors que 44,4% ont carrément sauté un repas. En outre, 55% des ménages ont mangé moins qu’il n’aurait fallu et même 29,3% des ménages ont été confrontés à un manque de nourriture. Dans l’ensemble, plus du tiers des ménages ont connu la faim par manque de ressources. Pour ne pas trop développer sur les résultats du Cadre Harmonisé, nous pouvons continuer sur le paragraphe suivant.
Quant au conflit Russo-Ukrainien, les ménages ruraux guinéens les plus vulnérables, qui peinaient déjà à se remettre des impacts de la pandémie de COVID-19, connaissent une flambée des prix des produits de première nécessité dont les céréales et les carburants. L’augmentation des prix des engrais devrait également fragiliser les petits exploitants en milieu rural et leurs familles, réduire leur revenu et les mettre à risque d’insécurité alimentaire. L’augmentation de la vulnérabilité des populations fait courir un risque de tension sociale accrue si les programmes adéquats ne sont pas mis en place pour atténuer mitiger les impacts de la hausse des prix.
Les femmes participent à la production agricole, en particulier des cultures vivrières, depuis la préparation des terres jusqu’à la récolte. L’inclusion des femmes guinéennes dans les activités commerciales formelles (participation des femmes à la propriété de l’entreprise, à la direction et à l’emploi) est beaucoup plus faible que dans les autres pays d’Afrique subsaharienne. Seules 9 % des entreprises guinéennes déclarent compter une femme parmi leurs propriétaires. Les effets de la crise Russie – Ukraine auront donc des répercussions négatives sur le genre, déjà bien fragilisé par les discriminations, la faiblesse de leurs ressources financières et matérielles. Cette situation creusera davantage le fossé et affaiblira considérablement les femmes, les pauvres et les autres groupes vulnérables.
Le Ministère de l’Agriculture et de l’Élevage a donc entrepris de poursuivre les efforts du gouvernement pour dynamiser et favoriser l’accroissement de la productivité du secteur agricole au cours de l’année 2023. L’objectif visé étant d’engranger de réelles transformations du sous-secteur agropastoral, améliorer la productivité des exploitations agropastorales, contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, mieux structurer les chaines de valeur des filières agricoles et d’élevage.
Pour y arriver, le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage a besoin d’importants moyens de la part de l’Etat et qui serviront à mettre en œuvre la lettre de mission adressé par Son Excellence Monsieur le Premier, Chef de Gouvernement. Les instructions sont : (i) d’améliorer de 10% la production agricole en riz et maïs et garantir de bons rendements agropastoraux notamment pour les petits exploitants, (ii) de promouvoir l’Entreprenariat des jeunes et des femmes dans l’Agriculture et dans l’élevage en facilitant l’accès au financement à 1 000 entités, (iii) de moderniser et innover dans le secteur agricole et élevage à travers l’utilisation rationnelle des technologies digitales. Ainsi, le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage se trouve dans l’impératif d’augmenter son budget 2023 et plaide auprès de l’Etat pour son appui constant et conséquent dans le cadre de la sécurité alimentaire et nutritionnelle de la Guinée.
Les besoins budgétaires pour l’année 2023 s’élèvent à 803 milliards 498 millions 438 000 GNF ce qui représente une augmentation de 22,52% par rapport à l’année 2022.
Cette augmentation est véritablement nécessaire au regard des défis à relever dans le sous-secteur agropastoral à savoir : faible productivité végétale et animale, faiblesse des aménagements hydroagricoles, enclavement des zones de production, importantes pertes post-récoltes, insuffisance d’équipements de conditionnement et de transformation des produits agricoles, faible accès aux crédits agricoles et d’élevage adaptés, faible mécanisation des opérations agropastorales, sous-équipement des services centraux et déconcentrés du Ministère, insuffisance de personnel qualifié, etc.
Les défis sont si importants et d’une si grande urgence que cette majoration semble déjà insuffisante pour faire face au relèvement exigé et atteindre les résultats escomptés.
Pour redresser les défis cités plus haut, le Ministère de l’Agriculture et de l’Elevage compte poursuivre et intensifier ses efforts pour :
Intensifier les productions agricoles par la mise à disposition des agriculteurs des intrants de qualité (semences, engrais, produits phytosanitaires) : 1050 tonnes de semences de riz, 325 tonnes de semences de maïs,10 000 000 de semenceaux d’ignames, 5 000 000 de rejets d’ananas, 25 000 litres d’engrais foliaires et de cristaux, etc.
Poursuivre la Mécanisation des productions agricoles pour réduire la pénibilité du travail, moderniser l’agriculture et étendre les surfaces cultivées : acquisition de100 tracteurs et accessoires, 60 moissonneuses batteuses et 30 motofaucheuses.
Intensifier des actions pour la réduction des pertes post-récolte et faciliter la transformation des produits agricoles : acquisition de 115 batteuses motorisées, 20 égreneuses de maïs, 100 décortiqueuses de riz motorisées, 29 moulins à céréale motorisés, 20 presses à huile de palme, 20 concasseurs de palmiste, 20 presses à huile de palmiste, etc.) sans oublier la éhabilitation et construction des infrastructures de conditionnement.
Poursuivre des aménagements hydroagricoles et pistes rurales en vue d’intensifier les productions agropastorales, réduire les pressions sur les terres de coteaux et faciliter la mise en marché des produits agricoles : la campagne 2023, nous réhabiliterons 2 800 ha (rappelons que le potentiel aménageable de la Guinée est estimé à 354 730 ha dont seulement 12% ont fait objet d’aménagement hydroagricole) et 500 km de piste rurale sur un réseau de 30 000 km.
Poursuivre l’amélioration des productions et la santé animale pour réduire le déficit en protéine et préserver la santé humaine : peuplement des cheptels d’élevage à travers l’introduction des races améliorées (race bovine = 750 têtes, race ovine (mouton) 200 têtes, race caprine (la Bloer) = 500 têtes, la race porcine = 200 têtes; amélioration des systèmes d’élevage à travers les intrants et matériels pastoraux et de culture fourragère ; amélioration des productions animales à travers l’insémination artificielle et l’alimentation animale et l’achat de 20 000 tonnes de grains.
En conclusion, vu l’immensité des actions suscitées et de l’importance de réussir le pari de notre pays à atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle, nous plaidons, Honorable Président du CNT, Chers Vices Présidents et Chers Honorables Conseillers, de bien vouloir accepter, approuvé et rehausser ce budget de notre Département pour la campagne agricole 2023.
Les prévisions budgétaires pour l’année 2023 se décomposent en :
T2 Dépenses de personnel
80 072 089 FG.
T3 Dépenses de biens et services
445 698 105 FG.
T4 Dépenses de transfert
141 836 081 FG.
T5 Dépenses d’investissement
135 892 163 FG.
La rédaction !