Les autorités communales de N’zérékoré ont pris la décision de déguerpir les occupants du grand hangar du marché, suscitant une vive opposition de la part des commerçants. Selon nos sources, les autorités souhaitent transformer cet espace en un complexe de bureaux et de logements de type diplex R+1, une perspective fermement contestée par les commerçants locaux, qui appellent le maire à revenir sur sa décision.
Une commerçante, s’exprimant sous couvert d’anonymat ce lundi 19 février 2024, a exprimé son désarroi : «Nous demandons au maire de nous laisser tranquilles. Le mois de Ramadan est déjà là et nos maris sont tous décédés. Nous sommes des veuves qui gérons ces lieux depuis des décennies. Il doit penser à cela. S’il ne nous laisse pas là-bas, cela ne lui portera pas chance. Ils veulent nous expulser pour donner la place aux riches. Nous occupons cet endroit depuis des décennies. Aujourd’hui, nous n’avons rien, mais Dieu est aux commandes. Nous demandons au maire de nous laisser tranquilles. Qu’il enlève le sable qu’il a envoyé et le mette ailleurs. Nous sommes vraiment sous le choc».
Une autre personne a confirmé qu’il y avait eu plusieurs arrestations lors des affrontements : «Ils ont fait plusieurs arrestations. Ils ont appréhendé des jeunes et quelques commerçants. J’ai vu trois personnes se faire arrêter devant moi et se faire battre. Ils ont également arrêté un conducteur de taxi-moto. Tous ont été envoyés au commissariat central de police», a-t-elle déclaré.
Quant à Pé Lony Maomy, il a salué l’initiative du gouvernement : «Quand on regarde les marchés des autres villes, on comprend que N’zérékoré n’est pas en voie de développement. Si l’État prend ses responsabilités pour développer cette ville, c’est une initiative salutaire. J’apprécie vraiment cette idée.»
Interrogé sur la question, le président de la délégation spéciale a expliqué :«Ce projet de reconstruction remonte à l’époque de Moriba Albert Délamou, qui avait proposé la construction de 94 boutiques. Notre programme de cette année comprend la construction de ces boutiques et des activités d’assainissement. Depuis décembre, nous sensibilisons les commerçants des deux côtés. Les conteneurs qui étaient au bord de la route sont ceux qui se trouvent sous le hangar. Ces commerçants se sont installés illégalement. Certains contiennent des produits pharmaceutiques impropres à la consommation, qu’ils ouvrent souvent la nuit. Après les avoir sensibilisés, ils ont donné leur accord. Hier, les commerçants le long de la route ont accepté de se faire recenser. Plus d’une centaine ont été recensés. Hier également, j’ai requis la sécurisation des lieux. Après la construction de ces boutiques, les premiers occupants seront prioritaires. La chambre de commerce est de notre côté. Nous ne sommes pas en désaccord avec les commerçants. Ce sont des voyous qui veulent simplement profiter pour voler. Nous avons alloué un budget de plus de 4 milliards. Qui peut dire qu’il n’y a pas un opérateur économique derrière tout cela ? Tous ceux qui parlent contre ce projet sont contre le développement de N’zérékoré.»
Le calme est finalement revenu et des négociations ont été engagées pour trouver une solution à ce problème.
De N’zérékoré, Gilbert N’killy