Trafic d’influence, séquestration…: encore Balla Samoura et consorts cités dans une sale affaire (Source: guinee114.com)

Encore le nom du nouveau Haut commandant de la gendarmerie nationale. Un groupe d’officiers dont, en tête de liste, le colonel Balla Samoura, sont cités dans une salle affaire présumée de trafic d’influence, d’insubordination à la loi, de violation de procédure et de séquestration. Tout tourne autour d’une histoire opposant des partenaires Guinéens et Chinois autour du contrôle de la direction d’une société qui leur seraient commune. L’épouse de l’ancien ministre des Mines, Ahmed Kanté, dénonce une bande organisée, qui tenterait d’obliger son mari à céder  la direction de ladite société à ses partenaires chinois.

Dans une déclaration en présence d’un reporter de Guinee114.com, dame Kadiatou Doumbouya, épouse de l’ancien ministre, explique comment, selon elle, le colonel Balla Samoura lui-même a séquestré et menacé son époux  dans le but que ce dernier renonce à ses droits.  Dans son récit digne d’un film, dont nous vous proposons ci-dessous la transcription, dame Kadiatou cite des officiers dont  un colonel Moussa Camara au gouvernorat de Conakry et un certain colonel Sangaré au Haut Commandement de la gendarmerie nationale.

Lisez !

«Ce jour du 22 décembre 2021, c’était exactement le dernier jour avant les congés de Noël, mes enfants étions sur les préparatifs pour voyager, aller à Conakry pour passer les fêtes de Noël en famille. A 22 heures, j’ai reçu un appel des collègues de mon mari me disant qu’il y a des problèmes. Que Balla Samoura l’avait invité au Haut commandement et jusqu’où on m’appelait personne n’avait de ses nouvelles, et que son téléphone sonnait, mais qu’il ne décrochait pas. Ils ont dépêché des gens, mais ils ont refusé de donner les informations. Mais puisque je savais qu’il y avait un problème, dans lequel Balla Samoura s’était permis de se mêler, j’ai essayé d’entrer en contact avec lui en personne.

J’ai appelé Balla, je me suis présentée et j’ai demandé ce qui en est avec mon mari. Il a dit qu’il ne sait pas de quoi je parle. Et qu’il n’est de rien. J’ai dit que je soupçonne que mon mari soit séquestré à son niveau. Il me dit que c’est non, mais si j’avais besoin des informations peut-être pour savoir où est mon mari, il pouvait me donner le numéro de quelqu’un pour me renseigner. Il m’a donné un numéro, mais qui s’avérait être un faux numéro, parce que le numéro ne passait pas. 

Les avocats de mon mari ont essayé de rentrer en contact avec moi, ils m’ont décrit la situation, l’implication de Balla dans une affaire privée de partenariat entre les partenaires à mon mari et lui, où Balla avait pris fait et cause pour les partenaires. Et il a eu à faire des menaces à mon mari. Et c’est en ce moment  que j’ai saisi les procureurs et je les ai fait savoir que mon mari a été séquestré par Balla et qu’il n’assumait pas.

C’est en ce moment que d’appel en appel je crois qu’il est revenu à la raison. Il a laissé mon mari rentrer à la maison. Quand mon mari est arrivé au bureau vers 22 heures, il m’a expliqué ce qui s’est passé : une invitation qui se termine par une séquestration. Et là on ne savait plus quoi faire. Les avocats étaient là, ont rapporté les propos de Balla, qui sont vraiment déplorables de la part d’un officier de la gendarmerie. Parce qu’en fait, quand il a convoqué mon mari, il est venu, il l’a fait entrer dans une salle où il a pris une feuille blanche qu’il lui a remise avec un stylo. Il lui a dit monsieur Kanté, voici une feuille et un stylo ; vous écrivez vous-même, que vous cédez la direction de votre société à Madame Zhang. Madame Zhang, c’est une partenaire chinoise avec qui mon mari est en partenariat depuis quelques années.

Et tout se passait très bien jusqu’au moment où la chinoise a décidé que les Guinéens ne soient pas à la tête de la société. Elle conçoit très mal qu’elle soit gérée par des guinéens. Il fallait qu’elle soit la directrice et que toute la partie guinéenne vienne derrière ; que ce soit des porteurs de sac à elle. Donc la bagarre, c’est depuis le temps de l’ancien régime.

Quand ils étaient partis voir le président à l’époque, monsieur Alpha Condé, qui leur a dit, ce que vous êtes en train de raconter sur monsieur Kanté, il n’est pas forcément mon ami, mais cela ne colle pas à sa personne. Mais si vous êtes sûr de ce que vous êtes en train de dire, ça, ce n’est pas une affaire de l’Etat ; c’est une affaire entre partenaires, adressez-vous à la justice.

C’est en ce moment que le coup s’est passé. Ils étaient déjà à la justice, ils ont perdu le procès en première instance. Ils sont allés en appel, ils ont perdu.

C’est entre-temps, qu’on est entré dans la phase du 5 septembre. Alors dès que la junte est venue, ils se sont dits cette fois-ci, on a une chance de terrasser complètement tous les Guinéens et faire de la société, une société chinoise.

Quand vous entrez en partenariat avec des gens, il y a toute une documentation qui vous lie. Alors, violant toutes les procédures, ils sont partis cette fois-ci rencontrer Balla. Et il faut le noter aussi, en fait, c’est une bande. Il y a le Colonel Balla Samoura, il y a un Colonel Sangaré qui est au Haut commandement, il y a un Colonel Lancei qui est au Haut commandement, un Colonel Moussa Camara qui est au gouvernorat de la ville de Conakry, mais, qui se mêle de beaucoup de dossiers quand il s’agit des chinois, pour des raisons que nous connaissons tous et que les gens refusent de dénoncer. Il y a aussi, Dr Ibrahima Dioubaté, inspecteur général au ministère des Petites et moyennes entreprises. 

Alors, ils font feu de tout bois. C’est comme ça que mon mari s’est retrouvé séquestré dans les mains de Balla, pour lui dire sois vous signez que vous donnez la direction à Madame Zhang ou alors je fais exploser une bombe sur votre société. Alors là, mon mari l’a regardé dans les yeux, le papier sur la table avec le stylo, selon lui, il m’a dit qu’il s’est rendu compte qu’il n’avait pas à faire à un vrai homme, mais qu’il avait à faire à un fou. Il a préféré ne rien dire. Il a préféré se soumettre. C’est-à-dire s’asseoir et le regarder.

Et se dire que si c’est cette menace qui va l’amener à lui faire signer le papier cédant la direction à la partie chinoise, il est plus facile de l’enfermer que de lui faire signer. C’est là ils sont restés jusque dans les bandes de 23h, avec maintenant les appels des procureurs et autres.

Quand Balla s’est rendu compte que tout le monde était au courant de la séquestration de mon mari, qu’il lui a demandé de rentrer à la maison. Voilà ce qui s’est passé ce jour du 22 décembre 2021…

On respecte la loi quand on veut

Selon les avocats qui étaient sur place et certains officiers dont je préfère taire les noms, pour ne pas leur créer des soucis. Au cas où le dossier sera porté à la justice certainement ils seront des témoins. Devant mon mari en personne et les deux avocats, Me Fofana et Me Kanté, Balla a tenu des propos qui ne sont vraiment pas dignes d’un officier de gendarmerie. Parce qu’en cette période où nous avons un ouf de soulagement, un espoir et que chacun de nous essaye de contribuer à sa façon pour qu’il y ait une transition réussie, voilà les propos que Balla a eu à tenir : Il dit qu’écoutez, « nous sommes en période d’exception, on respecte la loi quand on veut et on la viole quand on veut. Il dit d’ailleurs, on ne peut pas dire à quelqu’un qui a violé la constitution en faisant un coup d’Etat, de respecter la loi. »

Je pense que lorsqu’on est responsable d’une Haute institution comme le haut commandant, c’est-à-dire la gendarmerie, on doit se méfier de dire des contre-vérités ou des menacer de ce genre. Des menaces telle que vous signez ou je fais exploser une bombe sur votre société. Il est conscient alors, que c’est la société à Kanté. Mais il est prêt à faire exploser une bombe là-dessus, au cas où le gars ne signe pas pour donner la société aux Chinois.

Donc il faut qu’il essaye de faire la part des choses, il faut qu’il fasse la différence entre la justice militaire qui lui a été confiée et la justice civile. Mais il n’est ni juge ni procureur ni président du CNRD et là j’insiste là-dessus jusqu’à preuve de contraire. Il n’est pas le président du CNRD, il n’est qu’un auxiliaire de justice. Il va au-delà de ça pour se faire passer pour le premier magistrat de la République, violant toutes les procédures, toutes lois et le dire aussi, c’est une honte. 

Donc je profite de cette occasion, pour prendre à témoin l’opinion nationale et internationale, parce que les agissements continuent. On a adressé pour le moment à  tous ceux qui doivent le savoir, la justice est saisie, le président de la République est saisi. Pour nous, il n’y a pas plus haut que ceux-ci. On attend de voir comment ceux-ci vont traiter cette situation. Mais en attendant, je prends l’opinion nationale et internationale que tout ce qui adviendra à mon mari, à ma famille je tiens Balla Samoura comme responsable, colonel Sangaré comme responsable, je prends colonel Lancei comme responsable et colonel Moussa Camara du gouvernorat de Conakry comme responsable. En fait, c’est une bande qui est déterminée à supprimer mon mari pour des raisons que j’ignore. Mais qu’ils sachent une chose : quand tu travailles avec un partenaire, c’est que vous vous connaissez ».

Pour avoir la version du colonel Balla Samoura, principal accusé dans cette affaire, nous avons tenté de le joindre mais en vain. Son service de communication qui nous a reçus pour évoquer le sujet,  a nié en bloc les accusations. «Monsieur Kanté a été invité suite à une plainte régulière déposée contre lui au Haut Commandement de la Gendarmerie Nationale. Il a été entendu par les enquêteurs et quand le colonel est revenu, il l’a reçu, ils ont échangé et il est rentré chez lui. Aucune mesure de Garde-à-vue  n’est encore prise contre lui et il n’a fait l’objet d’aucune séquestration», a démenti  lieutenant Aboubacar Saran Bangoura, chargé de la communication du Haut Commandement de la Gendarmerie nationale.

Source: guinee114.com

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