Transport : La souffrance des usagers face au refus des chauffeurs de prendre ceux qui empruntent un tronçon

Circuler dans le grand Conakry les weekends est un parcours de croix. Le plus souvent au niveau des grands carrefours et aux heures de pointes, il est difficile de trouver un taxi pour vaquer à son occupation. La raison n’est pas seulement le manque de taxis mais également le refus des chauffeurs. Tous ceux qui empruntent les taxis pour un tronçon sont rejetés au profit de ceux qui vont loin. Une attitude des chauffeurs que les usagers condamnent grandement. Ce dimanche 22 mai 2022, un de nos reporters a fait le constat à Kagbélé alors qu’il rentrait de Coyah.

 

Au carrefour de Kagbélé, un grand vacarme règne tout autour. Vendeurs et vendeuses, usagers, motards et autres se côtoient en longueur de journée dans ce petit marché installé provisoirement. Chacun à son programme.Il est 18h 27 minutes, le soleil est sur le point de se coucher. Sur la route, des taxis, des tricycles et motards roulent dans les deux sens. Tout près, des usagers attendent en grand nombre au point de départ. Ici c’est lieu où on s’embarque. Chacun se fraye un chemin pour bondir sur chaque taxi qui arrive. Tous veulent se déplacer vers la Cimenterie. Des jeunes rabatteurs sont les premiers à répondre à la première question posée : «il n’y a pas Cimenterie ici », « C’est Cosa, Bambeto, Hamdallaye ou Madina direct ». Les chauffeurs assis aux volants de leurs voitures en grande partie gardent le silence.

Une jeune dame, la quarantaine environ, vêtue d’un tissu rouge orné de fleurs, coiffée d’un foulard bleu, porte sur la tête un colis contenu dans un caoutchouc noir. Tranquillement, elle se dirige vers un taximan, elle demande à trois reprises : « Maître Cimenterie ? ». Elle patiente un peu, elle ne reçoit aucune réponse de la part du chauffeur. Face à ce refus, elle s’énerve et lance : « Répondez-nous au moins, ce n’est pas difficile ça! »

Des dizaines de personnes sont arrêtées. Par le refus des conducteurs, ils peinent à tous à quitter les lieux. Sur leurs visages, on peut lire l’angoisse. Regards perdus, ils sont tous en colère. Certains ont attendu depuis une demi-heure, d’autres une heure ou plus sans bouger.

L’attente se fait longue et rien n’avance pour ces usagers qui perdent en temps par rapport à leur occupation, rendez-vous. Un jeune homme explose de colère: « vous refusez de nous prendre d’ici à la Cimenterie comme si vous avez à faire à un avion qui ne passera pas par là-bas? », s’interroge-t-il.

Pendant que les gens sont dans le besoin voire dans l’urgence, conducteurs de taxis et tricycles optent pour ce qui les arrange: transporter ceux qui vont loin. Ils payent plus et le bénéfice est grand. Certains parmi ces taximen indique que s’ils prennent des passagers qui vont jusqu’à la Cimenterie, ils risquent de continuer vides, faute de passagers. Chose que rejette beaucoup de personnes qui dénoncent cet état de fait. Ils sont juste animés d’une mauvaise volonté.

 

Après plus d’un quart d’heure, c’est à 18h 55 minutes que nous avons quitté les lieux à bord d’un tricycle communément appelé :  » Bonbon na ». Le conducteur avisant qu’il n’a pas de monnaie, une autre habitude qui habite les chauffeurs. Cette pratique du côté de Kagbélé est loin d’être un fait nouveau selon les informations. C’est une vieille habitude à laquelle se livre la majorité des chauffeurs. Un appel est lancé au syndicat des transporteurs pour mettre fin à cette pratique.

 

Mohamed Diawara

 

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