Lettre ouverte à leurs excellences Messieurs les présidents d’Afrique S/C le président de l’U.A
A propos de ce que le président françaisappelle « Problèmes démographiques qui expliqueraient la pauvreté persistante de l’Afrique »…
Messieurs les présidents africains,
Je voudrais spécialement m’adresser à certains d’entre vous qui sont encore totalement des laquais de l’occident qu’ils défendent corps et âme sans aucun souci pour l’avenir de leurs peuples.
Pour eux l’Afrique doit continuer à être la folle vache laitière de l’occident qui doit éternellement disposer de ses richesses et de tout son potentiel pour régner sur un monde en décadence où les injustices et les inégalités imposées aux uns plus pauvres sont la vérité universelle qui enrichit les autres .
Messieurs les présidents, l’histoire objective de l’Afrique depuis le Xe Siècle en passant par les périodes de prospérité connue , la sanglante traite nègrière, la colonisation, les effets de la néo colonisation que nos différents pays continuent à subir, suffit largement pour savoir quelles orientions données à nos Etats face à la rage indescriptible et indéfinie de l’hégémonie occidentale sur le vieux continent depuis des siècles.
Je ne sais vraiment pas quels échos ont eu sur vous les propos du président français Emmanuel MACRON sur les « Problèmes démographiques qui expliqueraient la pauvreté persistante de l’Afrique »…
En tout état de cause à part la timide réaction du président actuelle de l’UA qui n’a malheureusement pas été suivie d’actions significatives et déterminantes , je n’ai écouté aucun autre président africain comme si nos chefs craignaient de diffuses représailles .
Ce silence messieurs les présidents m’effraie et me rends très malade sur tout quand j’ai appris dans la foulée la réaction conformiste de la CEDEAO qui souhaite imposer à ses Etats membres une certaine limitation des naissances par ménage…… Carton rouge pour les chefs d’Etats africains!!! Je n’en dirai pas plus.
A l’instar de la plus part des intellectuels africains engagés, j’ai été déconcerté et à la limite j’ai failli croire que Monsieur le président français a soit quelques petites lacunes académiques à combler ( pour lui permettre de comprendre de façonobjectiveles vrais défis du développement de nos pays face à l’incurie mortelle et sauvage de l’occident ) ou soit, comme ses prédécesseurs, il est simplement de très mauvaise foi pour présenter à dessein cet grand atout en terme de problème. Oui, peut être un vrais problème et casse tète pour l’Occident mais pas du tout pour l’Afrique car le vieux continent pourrait devenir « la zone incandescente de la prochaine révolution économique de l’humanité ». si nos chefs d’Etats s’y engagent et si l’occident avec ses acolytes organisations internationales accepte un accompagnement adéquat non patrimonial et impérialiste .
Messieurs les présidents, je voudrais également vous rappeler qu’au XVI e Siècle, la population africaine représentait à elle seule plus de 20% de la population mondiale et qu’à cause de la traite nègrière, de la colonisation et des guerres intestines stimulées l’occident impérialiste, les populations africaines ont perdu de moitié cette hégémonie démographique.
AinsiMessieurs les présidents, au taux actuel de son accroissement naturel, il faudra attendre 2060 pour que soit définitivement rectifié ce déséquilibre démographique qui a été sauvagement imposé à nos ancêtres et qui explique en partie notre sous-développement actuel.
Messieurs les présidents, j’estime quant à moi et je crois fermement que si chacun de vous s’engageait honnêtement l’Afrique bénéficiera du « dividende démographique », autrement dit une brusque accélération de sa croissance économique car, c’est un phénomène démographique universel considéré par les théoriciens du développement comme un postulat du rapport entre DEMOGRAPHIE et DEVELOPPEMENT qui se produit lorsque le nombre d’actifs est nettement supérieur à celui des enfants et des personnes âgées.
Messieurs les présidents ,vous devez absolument savoir que: cette révolution démographique du continent dont les effets bénéfiques sur sa croissance économique vertigineuse est imminente, crée de la panique chez les impérialistes occidentaux dont la France où le phénomène contraire du vieillissement fait perdre tout espoir.
Personnellement messieurs les présidents, je commence à craindre pour la suite des agissements stratégiques et géopolitiques de l’occident qui risquent de transformer astucieusement cet atout en problèmes en mettant en action par le biais ses acolytes privilégiés notammentles institutions de Breton world des manœuvres cyniques et incongrues visant à introduire des vices dans les conditionnalités d’aide et de partenariat au développement comme ce fut le cas des ajustements structurels qui n’ont fait qu’appauvrir les populations africaines .
Messieurs les présidents, il vous souviendra que l’Afrique vit encore les néfastes conséquences de ces fameuses politiques d’ajustement structurel qui avaient été présentées comme des solutions pour vaincre la pauvreté mais, qui ont plutôt et d’avantage appauvri et désemparé les populations africaines qui ont massivement et clandestinement pris le chemin de l’occident dans l’humiliation et le dédain total de ces mêmes occidentaux qui ont fermé leurs frontières en continuant ironiquement à se plaire à voir des millions d’africains mourir dans leurs eaux par leurs fautes.
Messieurs les présidents , je vous rappelle que ce phénomène démographique que connait aujourd’hui notre continent a pourtant contribué à l’émergence des pays d’Asie, notamment de la Chine mais, il faut reconnaître que cette fenêtre d’opportunité ne produit d’effets positifs qu’à certaines conditions, notamment celles de disposer d’une main-d’œuvre bien formée et d’un marché du travail pour l’employer.
Ainsi Messieurs les présidents, disposer d’une population jeune dope indéniablement l’offre et la demande, ce qui est favorable à la croissance économique. Ainsi donc, on a effectivement constaté une augmentation moyenne du PIB africain de 5 % ces dernières années, ce qui est une performance remarquable pour le continent.
Mais, chers présidents africains, pour que l’impact de la transition démographique soit durable et soutenable, il faut qu’elle se combine avec quatre autres transitions , économique; technologique; politique et écologique.
Messieurs le présidents, nous les africains moyens, nous pensent alors que le rôle de la France en particulier et de l’occident en général n’est pas de mettre en cause cette opportunité dermographique en encourageant une forme de Malthusianisme aux africains mais, d’aider nos pays de façon sincère à ce que la transition systémique réussisse en faisant en sorte que l’impacte de cette transition dermographique en Afrique soit combiné efficacement avec ces quatre autres transitions sus mentionnées.
»était ce pas Messieurs les présidents l’un des enjeux du G20 consacré à l’Afrique, qui s’est déroulé en juin dernier à Berlin ?
ü N’est ce pas Messieurs les présidents, il était simplement question pour les pays riches du G20 de trouver les voix et moyens pour aider le continent à tirer parti de l’impressionnante croissance de sa population attendue au cours des prochaines décennies ?
ü Alors messieurs les présidents pourquoi cette diversion du président français qui n’est soutenue par aucune théorie scientifique sérieuse?
ü La France est elle un chance ou un problème pour l’Afrique?
ü La France en particulier et l’occident en général ont-ils peur d’un éventuel et prochain boum économique du continent qui mettra indubitablement en branle les fondements actuels de l’exploitation de l’Afrique et l’éternelle suprématie de l’occident?
ü
Messieurs les présidents, alors qu’à peu près partout dans le monde la population a tendance à vieillir, celle de l’Afrique affiche une jeunesse étonnante et, cela n’est pas près de s’arrêter et ne doit l’être jusqu’en 2060 période approximative à la qu’elle le vieux continent devra normalement rattraper la proportion de population du monde qu’il représentait au XVIe S. et que la traite nègrière, la colonisation et les guerres perpétrées par l’occident ont fait diminuer de moitié.
Selon les dernières projections des Nations unies le continent comptera près de 2,4 milliards d’habitants en 2050 – contre 1 milliard aujourd’hui –, dont plus de la moitié aura moins de 25 ans.
Actuellement messieurs les présidents, le taux de croissance démographique moyen de l’Afrique est de 2,7 %, contre 1 % au niveau mondial, et à peine 0,4 % en Amérique du Nord, tandis que l’Europe est quasi stationnaire.
Cette croissance exceptionnelle, propre à l’Afrique subsaharienne, promet de se prolonger quelques décennies puisque le nombre d’Africains pourrait être de 4 milliards à l’horizon 2 100 .
Cette situation spécifique s’explique par le fait que, contre toutes attentes, la mortalité en Afrique baisse fortement – l’espérance de vie a gagné plus de vingt ans depuis 1950, passant de 36 à 57 ans – alors que la fécondité, elle, ne ralentit que faiblement. « Un décalage qui tient à la persistance de comportements propres aux sociétés traditionnelles rurales et à la faible diffusion de la contraception», souligne le démographe.
De même, l’Afrique apparaît à la fois comme le continent pionnier en matière de paiement mobile, mais aussi celui où la révolution numérique tarde le plus à s’épanouir, faute d’un nombre suffisant d’infrastructures et d’ingénieurs qualifiés. Sans parler du défi de l’industrialisation du pays qui sera, demain, plus que jamais une nécessité pour occuper les 20 millions de jeunes qui arriveront chaque année sur le marché du travail.
Comment aider le continent à relever ce défi démographique Messieurs les présidents ?
Voici la question qui intéresse les Africains mais, pas critiquer le nombre d’enfants par ménage et dire que cette réalité est un goulot d’étranglement qui ne permet pas d’aider le continent.
Messieurs les présidents , pour nous les Africains moyens les déclarations du président français ont été d’une absurdité inimaginable surtout quand ils sont tenus par un jeune président en qui le continent portait un très grand espoir.
Et d’ailleurs Messieurs les présidents , permettez moi de partager avec vous le plaidoyer formidable de Friederike Röder, directrice de ONE France, une ONG de lutte contre la pauvreté qui a publie à cette occasion un rapport intitulé «Le siècle de l’Afrique»..
«Pour offrir à cette jeunesse africaine un avenir, il faut prendre, dès maintenant, des mesures significatives en faveur de l’éducation, de l’emploi et de la participation à la vie publique. Pour cela, il faut que les États africains s’engagent à mettre en œuvre la feuille de route fixée par l’Union africaine en 2016. Mais aussi que les pays occidentaux doublent d’ici à 2020 les financements, publics ou privés, destinés à soutenir ces programmes de réformes en Afrique»
Ce geste des occidentaux doit avoir un caractère de redevabilité historique car, il faut que les occidentaux retiennent définitivement comme insiste Friederike Röder que « si l’Afrique ne parvient pas à maîtriser sa démographie, cela ne pourra qu’alimenter les flux migratoires forcés vers l’Europe. Alors qu’à l’inverse, la prospérité de l’Afrique et des Africains pourrait être « la clé de la prospérité de tous ». Mais, de quelle maitrise démographique l’Afrique a-t-elle besoin à l’horizon 2060? Pas du tout du malthusianisme visant à renverser l’accroissement naturel actuel mais en respectant les conditions de mise en œuvre du dividende démographique par rapport à l’augmentation de l’aide substantielle au développement à l’horizon 2020.
En conclusion Messieurs les présidents, je repartage avec vous quelques statistiques démographiques issues du rapport ONE, juin 2017 intitulé : « Le siècle de l’Afrique »,.qui sont à mes yeux « Les clés de l’avenir en Afrique« :
· En 2060, il y aura plus de jeunes en Afrique subsaharienne (1,4 milliard) que dans tous les pays du G20 réunis (1,3 milliard).
· D’ici à 2035, le continent comptera 450 millions de nouveaux entrants sur le marché du travail, soit 22,5 millions par an.
· Actuellement, les moins de 25 ans représentent 36 % de la population en âge de travailler et 60 % des chômeurs du continent.
· L’aide publique occidentale au développement de l’Afrique est de 54 milliards d’euros par an et les investissements privés représentent 46,5 milliards d’euros.
· Un doublement de ces sommes d’ici à 2020 permettrait de générer une augmentation du PIB de 447 milliards par an pour l’ensemble du continent.
Que Dieu sauve notre continent!!!!
Aimé Stéphane MANSARE
Expert consultant en Sciences Sociales du Développement