La Côte d’Ivoire a réussi l’exploit d’éliminer le Sénégal, champion d’Afrique en titre, en remportant la séance de tirs au but (1-1, 5-4 TAB) en huitième de finale, ce lundi 29 janvier à Yamoussoukro. Les Ivoiriens ont trouvé le mental nécessaire pour renverser les Lions qui ont longtemps dominé la rencontre.
Incroyable Côte d’Ivoire ! Par ces temps qui courent, il ne faudrait pas être supporter de la Côte d’Ivoire et avoir des soucis cardiaques. Cette équipe, revenue d’entre les morts pour se qualifier miraculeusement en huitièmes de finale, a encore dit non au destin d’une élimination qui lui tendait une nouvelle fois les bras. Les Éléphants avaient déjà un pied et trois orteils hors de leur CAN avant que le miracle ne se produise à la 82e minute, prenant les traits d’un pénalty provoqué par Édouard Mendy jusque-là irréprochable.
Et tout bascula ! Kessié transforme le pénalty et égalise pour la Côte d’Ivoire, menée depuis la quatrième minute. L’impensable allait avoir lieu et Franck Kessié allait revêtir l’improbable costume du héros. Kessié, capitaine déclassé et mis sur le banc, a sauvé la Côte d’Ivoire en réussissant le pénalty de l’espoir et le dernier tir au but. Avant ça, avant cette frappe qui allait plonger les supporters ivoiriens dans un bonheur qu’ils n’oublieront pas de sitôt, le Sénégal avait longtemps cru passer ce huitième de finale sans la moindre égratignure. Car il a fallu seulement trois minutes et 15 secondes pour voir Habib Diallo et le Sénégal ouvrir le score et mettre le doute d’entrée aux Ivoiriens. Les Éléphants s’étaient avancés dans ce huitième de finale contre les champions d’Afrique en titre avec la ferme intention « de montrer un autre visage ». « Il faut montrer qu’on est la Côte d’Ivoire. Ce serait inadmissible que les attitudes ne changent pas », déclarait, la veille, le nouvel entraîneur Emerse Faé.
Mais il a suffi d’une touche sur le côté droit de la défense, d’une feinte suivi d’un centre de Sadio Mané pour voir Habib Diallo faire descendre la température de plusieurs degrés dans l’enceinte du stade Charles-Konan-Banny de Yamoussoukro. Un amorti de la poitrine, suivi d’une reprise du gauche pour l’ouverture du score pour l’ex-joueur de Strasbourg (4e). L’entame idéale pour les Lions, le pire scénario pour les Ivoiriens. Pensait-on…
« C’est avec les vieilles marmites qu’on fait les meilleures sauces », dit un proverbe tropicalisé ivoirien. Contre le Sénégal, Emerse Faé, nouvel entraîneur d’une Côte d’Ivoire miraculeusement qualifiée en huitièmes, a concocté une recette avec les ingrédients du passé, qui devait être indigeste pour des Lions voraces depuis le début de la CAN. Exit le capitaine Franck Kessié, mis sur le banc, même sanction pour le virevoltant Jérémie Boga ou le jeune encore tendre Christian Kouamé. Place aux anciens Serge Aurier et Max-Alain Gradel, derniers champions d’Afrique 2015, et Jean-Michaël Seri, ex-capitaine des Éléphants qui va vers ses dix ans en sélection. La vieille garde n’a pas transfiguré une équipe de Côte d’Ivoire maladroite dans ses attaques, pas sereine en défense, mais elle aura certainement fait ce qu’il fallait pour que le Sénégal ne prenne pas le large et que la Côte d’Ivoire garde encore l’espoir de revenir au score.
Niakhaté manque son tir au but
Le Sénégal, serein, trop serein, avait décidé de laisser le ballon à son adversaire après l’ouverture du score pour mieux le contrôler et le contrer. Ils auraient pu punir les Ivoiriens et mettre fin à tout suspense, mais ce sont finalement les hommes de Faé qui allaient se rebiffer. Les hommes d’Aliou Cissé commençaient à être inquiétés. D’abord sur une action où Édouard Mendy dû s’employer et effectuer un double arrêt (73e). Le même Mendy sauve les Lions en remportant son face-à-face devant Nicolas Pépé alors qu’une minute auparavant, Sadio Mané avait la balle du K.O.
Et puis arriva le pénalty de l’égalisation. Et puis les prolongations, plongeant cette rencontre jusque-là à sens unique dans une autre dimension. Tension extrême, nervosité, stress… Les deux équipes sont désormais sur le même fil de l’élimination. Les Sénégalais ont aussi peur que les Ivoiriens désormais. Le match peut basculer d’un côté comme de l’autre, mais attendra les tirs au but. Moussa Niakahté, troisième tireur côté sénégalais, voit sa tentative finir sur le poteau. La suite, c’est Franck Kessié qui l’écrit…
Un stade en fusion, des supporters au septième ciel. La Côte d’Ivoire, revenue de nulle part, ne devrait plus rien s’interdire, elle est en quarts de finale et jouera contre le vainqueur de Mali-Burkina Faso. Désormais, elle a repris le fil de son destin, retrouvé la confiance et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin.
Source: Rfi