Fuir les fantômes ou aggraver la sentence divine. (Par Bella KAMANO)
Bien entendu que, le coup d’Etat du 5 septembre 2021 était censé changer ou tout au moins, permettre de tirer les leçons du passé, pour un avenir radieux. Cela devrait être avantageux, même pour ceux qui sont tentés sans intermissions de recourir à la rue.
En dépit de tout, des discours et désidératas d’aujourd’hui comme hier, construisent peu à peu la prévalence de la politique au détriment des secteurs essentiels comme l’économie, le social, l’éducation, les transports, le sport, la culture, la pêche etc.
Hélas! La parole publique n’ayant aucune possibilité de choisir son auteur, est victime de ceux qui n’en ont pas du tout droit. Sans quoi, comment un homme doté de toutes ses facultés peut-il affirmer que, même si ce régime de transition satisfait à tous les services sociaux de base, tant qu’il n’organise pas l’élection il n’aura rien fait?
Quelle ignorance abyssale et héréditaire de ce qui est attendu d’une gestion?
Quelle carence d’intelligence alimentée par un égoïsme sans précédent ?
Depuis plus d’une décennies, la politisation à outrance de la vie nationale n’a eu pour bilan que, l’exacerbation de l’effritement du tissu social, la disqualification de l’administration et le grand retard encaissé avec des répercussions latentes attendues sur des générations.
Pire, a été l’instrumentalisation des victimes des manifestations justifiées et injustifiées, juste pour accepter d’organiser ou de participer à une élection. Également, pour justifier devant l’opinion la tenue d’un dialogue, il fallait organiser des manifestations pour coller au régime en place, une image de cannibale.
C’est ainsi que, grâce à une initiative cynique, tout un cimetière a été dédié aux victimes des manifestations.
Pourtant, si la politique est l’art de gérer la cité, elle doit obligatoirement avoir non seulement, un visage humain mais aussi, une âme protectrice des autres âmes. Elle doit aussi avoir pour socle le dialogue mais, qui ne soit pas précédé par une statistique macabre.
Certains légalistes diront que la manifestation est un droit et qu’aucune personne ne devrait mourir en l’exerçant. Mais face aux résultats mortifères de son exercice, il faut faire le choix entre un privilège consacré et la protection à tout prix, de la vie humaine qui est sacrée. D’autres par ailleurs, voudront imputer la responsabilité à un camp ou un autre, voire trouver le coupable parfait.
Mais dans un contexte où les vives humaines ne pourront jamais être remplacées. Les enquêtes, les procès et les condamnations ne revêtent que le caractère soulageant. Pourquoi ne pas les contourner par l’exercice d’autres droits qui pourraient avoir plus de pression saine que les violentes manifestations?
Combien de jeunes guinéens innocents doivent encore mourir pour des raisons qu’ils ignorent ?
Combien de familles faut-il plonger dans la douleur indélébile qui excave les cœurs?
Faut-il que les fantômes des innocentes victimes commencent à hanter leurs bourreaux pour qu’il y ait prise de conscience?
Heureusement qu’il est consigné dans les livres saints des deux religions monothéistes que, chacun répondra de ses actes devant le créateur lors du dernier jugement.
Bella KAMANO, Président du RNPG