Invité chez confrères de FIM FM le lundi 12 avril 2022, l’ancien Directeur Général de la compagnie des bauxites de Guinée (CBG) tenu à faire certaines précisions qu’il a jugé nécessaire avant de répondre aux questions des journalistes. Dans son intervention, l’industriel n’est pas passé par le dos de la cuillère pour dénoncer les défaillances que vit le secteur minier guinéen. Peut-être avant de répondre à la question, je voudrais faire un petit préliminaire. Je n’ai eu que quatre ans d’activités en Afrique. Toute ma vie s’est passé à l’étranger. Des gens comme moi, nous avons vécu à l’étranger. Le mode et le style de l’étranger mais avec l’Afrique qui sévi au corps. Dans les responsabilités importantes que j’ai eu toujours considéré que j’étais aussi la preuve que nous n’étions pas inférieur aux autres. Je suis revenu ici beaucoup de plaisir en pensant que j’allais pouvoir mobiliser autour de moi toutes ces intelligences, ces énergies pour que nous aussi nous amorcions notre développement comme l’on fait les autres. J’ai eu l’opportunité d’être à la CBG. Je me suis exprimé au niveau de cette entreprise. Heureusement, CBG est une entreprise où les travailleurs étaient très bien formés. Pour moi c’était donc un prolongement de ma vie industrielle. Cela m’a permis de produire au niveau de la Guinée puisse que c’est l’une des conditions que j’avais posé quand on était venu me chercher. Il fallait que les partenaires comprennent ce que je suis : un professionnel de l’industrie mais aussi un guinéen. Donc je ne serais pas être indifférent des intérêts de la Guinée. En deux (2) ans à la CBG avec les mêmes personnes qui créaient la prédation. C’est la preuve aussi que les gens peuvent changer. Nous avons presque doublé les résultats c’est-à-dire les revenus de la Guinée. C’est avec ces revenus que la Guinée a eu le PPTE. Même on se gargarise autour des politiques, c’est à partir de ce dédoublement que les fonds sont venus.
Je suis heureux d’avoir travaillé avec des guinéens parce que la CBG c’est 99% de guinéens donc on ne peut pas dire que c’est un savoir-faire étranger qui a contribué à cela.
La deuxième observation c’est que, je souffre beaucoup du fait que les responsables africains fassent souffrir les africains. Les responsables africains ne se tournent pas vers l’histoire de l’Afrique. Il y’a des gens qui sont morts tout simplement parce qu’ils ont voulu que nous soyons libres. Quand on est responsable, ce sont des choses auxquelles il faut penser en permanence lorsqu’on a envie de sévir dans le sens du non droit. C’est vrai que cela est choquent pour nous.
La troisième observation est que l’émiettement de nos pays en Afrique a fragilisé tous les pays. Donc nos protecteurs militaires et financiers et leurs accompagnants économiques viennent en quelques sorte s’accaparer de tous nos biens sans aucune possibilité pour nous de rationaliser nos attitudes. Je dis tout ça parce que vous verrez que c’est ce qui est à la base des problèmes actuels que nous avons en Guinée.
La dernière observation est que nous sommes détruit par ce pouvoir personnel. Lorsque nous allons négocier un contrat, il se trouve que dans 99% des cas, le chef guinéen en particulier est un chef de droit divin. Il a déjà donné son accord à la partie adverse. Celui ou celle qui part négocier a un mandat d’exécution. Il n’a pas un mandat de négociation. Si par malheur il y a en a qui essaie de faire le patriotisme économique, il est immédiatement rappelé à l’ordre parfois appelé par le Président lui-même pour lui dire écoute cette affaire est déjà réglé.
Donc il ne faut pas s’étonner que nous assistons à une sorte de destruction de notre patrimoine minier souvent avec des sociétés voyous, des pauvres qui viennent qui se servent de l’attribution de concession pour obtenir des prêts et venir construire des modèles économiques qui crée immédiatement du profit au bout de deux ans et exploiter des bauxites, s’engagent à construire des raffineries. Ces raffineries qui seront financées par quoi ? Par notre argent. Il se trouve que la Guinée ne se bat jamais sur la participation dans ces sociétés et sur le droit de vote. Vous savez que dans le code minier le droit de sol est de 15% maximum. Vous pensez que c’est un guinéen qui écrit ça. C’est un Guinéen qui l’a laissé passer. 15% maximum, ce n’est pas 15% minimum. Ça veut dire que celui qui vient peux négocier à la baisse et c’est ce que certains ont fait. Ça signifie que notre participation dans ces sociétés est marginale. Deuxièmement, avec les coûts de transfert les sociétés peuvent facilement s’arranger pour qu’elles ne fassent pas de bénéfices pendant au moins cinq à 10 ans. Donc quand vous donnez un contrat de 15 ans la société ne paie pas d’impôt société. Elle ne paie que les taxes à la marge. En suite elle se gargarise de construire une école par-ci un centre de santé par-là. Et puis on a des ministres qui se déplacent pour aller les inaugurer. Ce sont des trompes l’œil et c’est ça le problème de fonds que nous avons.
M. BÉA