Mousto Black, de la source à la renaissance annoncée (Portrait)

Membre du groupe de rap Kalabanté, Moussa Camara est un artiste guinéen vivant en Hollande. ″Mousto‶ son nom d’artiste, a aimé la musique depuis son tendre enfance. Dans son quartier, il sortait sa radio à l’époque, il mettait de la musique et invitait les gens à venir danser avec lui. C’était dans ses habitudes de jouer toujours au disc-jockey (DJ), histoire pour lui d’animer et de créer de l’ambiance dans la zone.

C’est à Kindia, ville située à environ 113 km de Conakry d’où il est natif, qu’il a commencé son cycle élémentaire à l’école primaire de Garankelaya en 1991. Après un détour à Koba (Boffa) village natal de sa mère, il est revenu dans la capitale pour poursuivre ses études à l’école primaire du centre. Il fait le collège château d’eau avant de continuer au lycée 02 octobre après le BEPC validé en 2002. En 2005, alors qu’il évolue en classe de 12ème Année, il a abandonné l’école au profit de la musique.

« Je faisais partie d’un groupe qui s’appelait Black Nakiry. On était au nombre de quatre : Cheick By, le Gueth, Tout blanc et moi-même. On répétait vers le Petit bateau. J’habitais à Kouléwondy mais chaque fois, j’étais à Coronthie chez mes amis. C’est comme ça que j’ai aimé la musique jusqu’à aujourd’hui », raconte Mousto.

Depuis 1998, il s’est lancé dans la musique. Le rap est le genre musical qu’il faisait. Il fréquentait des artistes qu’il appelle ses ″Grands‶, tous des rappeurs. Certains se sont séparés par finir, mais il connaissait plusieurs d’entre eux depuis le ″Ghetto‶. Misty Call, un artiste américain était son idole. Il écoutait ses musiques et s’inspirait à travers lui. A Kouléwondy, quartier où il a grandi, tout le monde l’appelait d’ailleurs : Misty Call.

Lui et ses amis au nombre de trois, ils créent le groupe de rap Kalabanté qui signifie en langue nationale Sosso : ″Canaille‶. En ce moment, le Hip-Hop faisait sa gloire au sein de la couche juvénile en Guinée. Dans leur aventure musicale, ils sont auteurs de deux albums dont le premier intitulé : Maraguiri qui signifie littéralement en langue Soussou (destin) est sorti en 2001 et le deuxième, sorti le 10 décembre 2010 est baptisé :‶Soubhaka kȏnkȏri″, un péjoratif utilisé pour nommer les calomniateurs et diffamateurs communément appelés « escrocs » en Guinée.

Assoiffé de bien-être, Mousto et certains éléments de son groupe, ont décidé d’aller se chercher en Europe. Loin du pays depuis douze longues années, il envisage renouer le contact avec les fans et mélomanes Guinéens. Dans sa carrière musicale, Moussa Camara a rencontré des difficultés qui ont freiné son élan.

« Dans la musique, j’ai beaucoup de difficultés. Sur le plan financier, de la promotion, du management, ce n’est pas facile. Cela fait douze ans que nous avons quitté la Guinée, jusqu’à aujourd’hui nous n’avons pas fait beaucoup de promotion, on n’a pas de management. Nous rencontrons assez de difficultés. Il est temps pour nous de recadrer les choses pour revenir avec force en Guinée », annonce-t-il.

Plus d’une décennie depuis leur départ de la Guinée, il n’est pas en contact avec les autres artistes et ses fan’s. Chose qu’il promet de corriger dans sous peu de temps. Composer et écrire lui-même ses chansons, tels sont les atouts que dispose ce jeune chanteur. D’un ton imposant, ce jeune au physique d’un boxeur, aime la musique.

Dans ses chansons, il aborde les faits de société, comme la pauvreté, la galère, l’amour, la vie, l’infidélité, le mal du pays. Il tire ses inspirations des réalités de la vie, le quotidien des gens, de la vie conjugale entre autres. Les anciens artistes ainsi que le style musical de l’artiste Takana Zion sont également d’autres sources d’inspirations pour Moussa Camara                .

Parlant de sa musique en Europe, l’artiste chanteur indique ne pas se plaindre de trop, vu qu’il s’en sort bien. « Je m’en sort ici parce qu’avant de quitter la Guinée, j’avais beaucoup de relations en Europe. Arrivée en Europe aussi, j’ai commencé à me battre encore, à fréquenter des disc-jockey (DJ), grâce auxquels j’enregistre mes sons. J’ai eu également des contacts avec d’autres personnes », explique-t-il.

D’un air calme, ce jeune de la ‶Old school″ du Hip-Hop guinéen, tire sa force de son grand courage. Il est auteur de plusieurs singles (titres) parmi lesquels figurent : cola ra mini (sort les colas) qui évoque l’amour qu’il éprouve pour une bien-aimée, ma Guinée City qui magnifie la Guinée dans son ensemble, Maraguiri qui parle de la destinée du groupe Kalabanté.

Mousto a élargi son champ d’action et fait actuellement le ″Dance All‶, le ‶Reggae″ à côté du Rap qu’il faisait. Il chante également en Sosso, en Français, en Anglais et un peu en Pular et en Maninka.

Son défaut est celui de ne pas être en contact avec ses admirateurs.  Et ce qu’il déteste le plus : « quelqu’un qui n’aime pas le bonheur de son prochain, un ingrat, quelqu’un ne travaille pas ».

Ses projets sont énormes, Moussa envisage construire une école de la musique et un studio d’enregistrement voire s’investir dans l’entreprenariat agricole en Guinée. En dehors de la musique, il est mécanicien, plombier et il fait la tôlerie et la peinture.

Graver son nom dans les annales de l’histoire de la musique guinéenne, africaine et internationale, tel est le rêve de ce jeune proche de la quarantaine. Une raison de plus pour Mousto, d’espérer voir son soleil briller sous d’autres cieux à l’image de l’artiste auteur-compositeur et interprète nigérian, Divine Ikubor connu sous le nom de Rema.

Mohamed Diawara

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