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Passation de service : Ministère de l’Economie et des Finances, discours de Malado Kaba.

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Monsieur le Ministre de l’économie et des finances entrant,

Monsieur le secrétaire général au gouvernement,

Le chef de l’Etat a souvent eu cette remarque incisive sur l’état de notre administration publique, en rappelant et je cite « j’ai hérité d’un Etat mais pas d’une administration ». Par cette phrase désormais dans les annales, il nous a en fait lancés un défi important celui de faire de notre administration une administration de développement, au service de sa vision, et au service de nos populations.

Ce jour marque le passage d’un témoin avec mon successeur, M le ministre Mamady Camara, que je félicite vivement pour sa nomination à la tête de ce département à la jonction de tant d’actions.

Ce jour est bien sûr aussi l’occasion de dresser le bilan de mes actions à la tête de ministère depuis deux ans et demi.

Car nous avons travaillé, dans le sillon de tous ceux qui se sont succédés avant moi et que je remercie au passage. Car c’est bien ensemble que nous allons plus loin.

De nombreux défis nous attendaient au sortir de la crise d’Ebola :

– Des pertes en vies humaines, dont le coût ne sera jamais mesurable, des orphelins livrés à eux-mêmes,

– Un système de santé affaibli

– Une économie exsangue et également éprouvée par la chute du prix des matières premières et

– Des finances publiques marquées par un déficit budgétaire accru

Autant d’éléments qui ont augmenté les vulnérabilités de notre pays, le laissant moins robuste en cas de chocs exogènes.

Qu’avons-nous fait au cours des deux ans et demi qui se sont écoulés?

Au plan macroéconomique, l’un des premiers défis a été de poursuivre le renforcement du cadre macroéconomique amorcé depuis 2011. Ainsi au terme de mon passage, nous avons conclu le programme avec le FMI et négocié avec succès un nouveau programme incluant une enveloppe inédite de prêts non-concessionnels de USD 650 millions. Plus récemment, nous avons également conclu un accord avec les services du FMI relatif à la première revue du programme en mai 2018.

Notre économie a atteint en 2016 une croissance à deux chiffres et tout porte à croire que la croissance sera encore forte en 2018.

Ces résultats sont certes encourageants mais ils doivent être consolidés à la lumière des dérapages possibles et constatés en fin d’année dernière.

L’inflation a été ramenée en deçà de 10%, nos réserves internationales ont été reconstituées à près de 3 mois d’importations et le déficit budgétaire a été plus ou moins sous contrôle.

Ces résultats économiques sont le fruit d’une meilleure appropriation de la conduite de la politique économique et financière et ont permis également une augmentation de la crédibilité de notre pays vis-à-vis de nos partenaires techniques et financiers.

Mais vous me direz très justement qu’en est-il de l’assiette du guinéen, du pouvoir d’achat de la ménagère et de l’emploi de nos jeunes ?

Ce sont là des questions qui appellent à garder les pieds sur terre et qui nous obligent à rester humbles.

Ce sont aussi des questions qui appellent à la réforme en profondeur de nos systèmes afin que la structure de notre économie se transforme.

A cet égard la négociation réussie du premier prêt non-concessionnel destiné à financer la première vague de projet de l’accord stratégique avec la Chine devrait conduire à développer nos infrastructures routières, portuaires et énergétiques, éléments essentiels pour une croissance forte mais aussi pour fluidifier le tissu économique local. Car nous avons imposé un contenu local important qu’il s’agisse de l’approvisionnement en matériaux produits dans notre pays comme le ciment, ou de l’utilisation de sous-traitants locaux ou encore de la formation destinée à nos PME locales.

Les termes de ce prêt aboutissent à des termes semi-concessionnel avec un élément don d’environ 23%, ce qui constitue également un résultat important qui dénote de notre capacité accrue de négociation.

Un projet important dans le secteur des infrastructures énergétiques a été approuvé au cours du premier trimestre 2018, le projet Souapiti. Ceci est également le fruit d’un travail intense mené depuis 2 ans entre les équipes de différentes structures et du suivi opéré par le ministère.

D’autres actions ont conduit aux résultats suivants :

– l’augmentation de l’absorption des ressources FED de près de 40% entre 2016 et 2017 ;

– l’inclusion de la Guinée dans l’initiative du G-20 du « Compact avec l’Afrique »

– la concessionnalité moyenne des prêts négociés s’est établie à 37% sur les deux dernières années ; c’est à dire que nous avons obtenu des conditions favorables pour les prêts ce qui en réduit le poids sur notre budget ;

– l’adoption de plusieurs textes de loi (PPP, gouvernance financière des sociétés et établissements publics, validation des comptes des comptables publics) ;

– la réalisation de l’adjudication en ligne des Bons du Trésor ;

– la publication du calendrier d’émissions de titres d’Etat désormais sur le site

– le développement d’applicatif informatique pour le suivi des délais de passation ayant conduit à réduire les délais à en moyenne

– la négociation réussie d’une opération de retour dans le portefeuille de l’Etat avec réalisation d’économie sur le prix proposé par l’actionnaire privé (près de 4 millions d’euros de gain réalisé) ;

– le dépôt des comptes de gestion de 2014, 2015 et 2016 à la Cour des Comptes, dont celui de 2016 déposé dans les délais prescrits par la loi ;

– le démarrage effectif de l’apurement de la dette intérieure (1982-2013) avec l’engagement en 2017 de 90% du montant dû aux 80% des créanciers

– l’accroissement des recettes non fiscales, notamment des dividendes à près de 95 milliards GNF entre, soit une hausse de plus de 500% entre 2016 et 2017.

Sur le plan du fonctionnement du ministère, les activités conduites ont eu les principaux résultats suivants :

– l’envoi de cadres sélectionnés sur concours à l’ENAREF de Ouagadougou.

– l’achèvement des travaux de la direction nationale du Trésor et du centre de formation

– l’achèvement en cours des travaux d’amélioration de conditions de travail au sein ministère

– la mise en place d’un réseau internet-intranet permettant la connexion de toutes les directions, y compris les directions excentrées, augmentant la connectivité des directions et du cabinet à Conakry dans un premier temps. Cela a permis de réduire de façon importante les délais de traitement des dossiers – allant jusqu’à plusieurs mois en 2016, à près de deux semaines en moyenne aujourd’hui

– l’acquisition de moyen logistique pour les travailleurs avec l’achat de 3 bus tant voulus par le personnel ;

– l’acquisition de serveurs permettant la connexion du Trésor et de la Dette au système d’adjudication des bons du trésor et ouvrant la voie à un archivage électronique tant attendu des documents du ministère

– l’équipement de tous les trésoriers régionaux en véhicules

Tout ce travail a permis de hisser le ministère à un autre niveau je l’espère, niveau, qu’il vous revient aujourd’hui, Monsieur le Ministre, de porter encore plus haut. Et de ce cela je ne doute pas une seule seconde grâce à votre travail que je sais soutenu

A cet égard, je vous livre une passation technique en bonne et due forme, document que je n’ai pas eu la chance d’avoir à mon arrivée en 2016 et qui, je crois, devrait pourtant être rendu obligatoire dans notre administration. Ce document, loin d’être prescriptif, est surtout un guide devant vous alerter sur les dossiers qui devront requérir votre attention extrême et qui vous informe sur la situation à date des questions substantielles traitées au niveau du minière. J’espère qu’il vous aidera.

Travail, c’est aussi le premier des trois mots de notre devise nationale, et c’est un mot qui doit être mis au cœur de nos actions. Rien ne peut être obtenu sans travail acharné, consistent, rigoureux et sans la discipline. Notre administration se doit de se mettre véritablement au travail et de se concentrer sur l’essentiel. Car nos populations ne manqueront pas de nous rappeler cela et nos jeunes encore plus.

En cette fin de mission qui aura été des plus exhaltantes, je tiens à remercier le Tout-Puissant car sans lui rien ne se fait.

Je tiens à remercier tout particulièrement le Chef de l’Etat, le Président Alpha Condé, de m’avoir honorée en me nommant à la tête de ce département. Je mesure à quel point cela n’aura peut-être pas été aisé de nommer une femme célibataire, sans enfants, de 45 ans à cette fonction, que l’on a longtemps, trop longtemps, réservé aux hommes mariés et pères de famille. Il a honoré ma famille, mes amis et tous ceux que j’ai croisé au cours de mon parcours professionnel.

Je tiens à remercier ma famille qui aura été d’un support indéfectible, comme toujours, ma mère et ma tante, femmes d’envergure, de poigne et pleines de sagesse et de douceur aussi. Vous êtes mes piliers à jamais et j’ai de qui tenir !

Monsieur le Ministre je ne saurais terminer en citant un haut personnage que vous connaissez très bien, puisque vous venez de son pays natal, Nelson Rolihlahla Mandela, qui a prodigué les conseils suivants :

« Ne précipitez aucune décision, gardez vos ennemis proches de vous et consultez largement ».

Enfin je formule le vœu ardant que le Tout-Puissant vous accompagne, qu’il guide vos pas et vous donne la force de mener à bien cette tâche lourde, mais ô combien passionnante.

Je vous remercie

Malado Kaba

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